Protéger les enfants lors d'une séparation difficile : ce que les parents doivent savoir
Il est difficile de comprendre pourquoi certains parents arrivent à se séparer sans difficulté, alors que d'autres semblent rester dans une situation conflictuelle et ne pas pouvoir protéger leurs enfants des effets d'une telle situation.
En ce qui concerne l'adaptation des enfants et des parents à la séparation, les conflits constituent le facteur le plus important; il s'agit de plus d'un facteur prédictif plus important que la séparation elle-même. Après un divorce, les conflits agressifs entre les parents peuvent presque doubler l'intensité des problèmes d'adaptation des enfants.
Il existe diverses façons de protéger un enfant contre les conflits de ses parents. Les enfants s'adaptent mieux lorsqu'ils ont une bonne relation avec au moins un des parents, un fournisseur de soins ou un mentor. Les enfants s'adaptent mieux quand ils ont le soutien de leurs frères et sœurs et lorsqu'ils sont tenus à l'écart des conflits. Les enfants s'adaptent mieux quand au moins un des parents s'occupe bien d'eux.
Déclaration des droits des enfants
Choses que j’aimerais que mes parents sachent
Faire des plans - Guide sur les arrangements parentaux après la séparation ou le divorce
Ce guide est publié par le ministère de la Justice du Canada et fournit des informations sur le rôle parental après une séparation ou un divorce, notamment :
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la façon de décider des meilleurs arrangements parentaux pour vos enfants
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les procédures que vous pouvez utiliser pour prendre un arrangement parental
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des sentiments que vous pouvez éprouver comme parent
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les sentiments que vos enfants peuvent éprouver
Foire aux questions :
Il n’y a pas de définition simple. Il est difficile de comprendre pourquoi certains parents arrivent à se séparer sans difficulté, alors que d'autres semblent rester dans une situation conflictuelle et ne pas pouvoir protéger leurs enfants des effets d'une telle situation.
En ce qui concerne les divorces et les séparations conflictuels, plusieurs facteurs importants ont été pris en compte dans les études pour déterminer les types de conflit et leur intensité (Saini & Polak, 2010). Voici certains de ces facteurs :
Problèmes de santé mentale;
Usage ou consommation excessive de drogues ou d'alcool;
Antécédents criminels d'un des parents;
Mauvaises habitudes en matière de résolution de conflits et de communication;
Responsabilité de la séparation imputée par un conjoint à l'autre conjoint;
Manque de confiance entre les ex-conjoints;
Répartition inégale des biens et des avoirs;
Divergence de point de vue quant à l'éducation des enfants;
Présence de violence émotionnelle, physique ou sexuelle;
Absence de limites appropriées entre parents et enfants;
Plaintes multiples déposées auprès des services de protection de l'enfance ou de police;
Nombre de professionnels intervenant auprès de l'un ou l'autre des parents;
Présence plus fréquente au tribunal;
Intervention problématique d'autres personnes (p. ex. amis et membres de la famille) : prise de parti et aggravation de la haine, des conflits et du manque de respecte entre les parties concernées.
Au Canada, 37 % des mariages se terminent par un divorce avant que les époux ne fêtent leur 30e anniversaire (Statistique Canada, 2006), et 25 % avant le 4e anniversaire de mariage. Plus d’un tiers des couples qui divorcent ont des enfants. En 2000, le tiers des causes de divorce comportaient des questions en litige sur la responsabilité décisionnelle des enfants ou le temps parental. Il s’agit en réalité d’une faible estimation, car ces chiffres ne comptent pas tous les couples, comme les personnes non mariées avec enfants, les couples de conjoints de même sexe avec enfants, ainsi que les couples mariés qui se séparent, mais qui ne divorcent pas.
La plupart des couples qui se séparent ou qui se divorcent arrivent à surmonter rapidement l’animosité, la déception et le sentiment de perte qu’ils ressentent au départ, ainsi qu’à reprendre de bonnes relations avec leur ex-conjoint et les enfants (Bacon et McKenzie, 2004). Cependant, dans environ 40 % des cas, les ex-conjoints ont des rapports conflictuels au moment de la séparation (disputes et tensions) (Hetherington et Kelly, 2002). Dans 10 % des cas, les conflits perdurent (Maccoby, Depner et Mnookin, 1990).
Selon Ahrons (2004), les relations entre ex-conjoints peuvent être regroupées en cinq catégories. Entrent dans les deux premières catégories les parents qui continuent d’avoir des relations avec leurs enfants et pour lesquels les perturbations liées à la séparation ou au divorce sont minimisées.
Pour les trois autres catégories, le manque de solidarité et de coopération entre les parents pose des problèmes à la fois pour eux et les enfants.
Des ex-conjoints parfaits
Les ex-conjoints parfaits sont ceux qui continuent à entretenir de bonnes relations après la séparation ou le divorce. La décision de divorcer est généralement mutuelle (les deux époux acceptent de divorcer); ils continuent donc à s'apprécier et à se respecter, ce qui facilite leur coopération. Ils ne permettent pas à la colère ou à leurs blessures de nuire à l'éducation des enfants. Ils coopèrent donc souvent pour prendre des décisions et s'occuper des enfants et fêtent ensemble leurs enfants. Ce type de relation, bien que rare, facilite l'adaptation d'un enfant à la séparation ou au divorce.
Collègues
Les collègues ne sont peut-être pas amis, mais ils arrivent à coopérer et à faire des compromis pour les enfants. Bien qu'ils puissent ne pas être d'accord, ils arrivent à éviter les conflits. Ils partagent jusqu'à un certain point les prises de décision et l'éducation des enfants, et sont parfois présents dans les événements importants de la vie. Les collègues s'entraident en temps de crise. L'intérêt supérieur des enfants est pour eux une priorité. Bien qu'il puisse y avoir des conflits, ceux-ci sont gérés efficacement.
Associés en colère
Entrent dans cette catégorie les ex-conjoints qui restent en colère après la séparation, ce qui complique l'éducation des enfants. Leurs arrangements manquent de souplesse, et négocier fait remonter d'anciennes douleurs. Les enfants sont généralement pris au milieu. Les événements comme les anniversaires peuvent être stressants. D'autres membres de la famille peuvent être entraînés dans les conflits. Les associés en colère peuvent ne pas s’entraider en temps de crise ou de stress. Les enfants de ces ex-conjoints ressentent beaucoup plus les effets de la séparation et du divorce.
Ennemis jurés
Les ennemis jurés sont à ce point en colère l'un contre l'autre qu'ils n'arrivent pas à coopérer pour élever leurs enfants. Chaque personne voit seulement les torts qu'elle prête à l'autre. La colère ne disparaît jamais. Les négociations liées à la garde des enfants sont une véritable bataille, et les pensions alimentaires et les visites constituent des armes. Les enfants sont de véritables pions souvent contraints à prendre parti. Les événements comme les anniversaires sont l'occasion de reprendre les hostilités. Un des parents peut d'ailleurs en être exclu pour éviter les conflits. Ce type de relation est extrêmement difficile pour les enfants.
Duos dissous
Il s’agit d’ex-conjoints qui cessent tout contact après la séparation ou le divorce. Un parent peut quitter la région, abandonnant ainsi entièrement son ancienne vie.
Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles la relation entre deux parents reste conflictuelle après qu'un certain temps s'est écoulé (Hopper, 2001).
Il peut par exemple s'agir du partage inégal des ressources ou du pouvoir. Premièrement, les parents peuvent essayer de tirer le maximum de leur relation au plan financier (argent et biens), mais le déséquilibre des pouvoirs entre eux engendre et entretient le conflit (Weitzman, 1985).
Deuxièmement, les conflits peuvent découler de la nature conflictuelle du système juridique (une personne contre l'autre). Par exemple, la procédure judiciaire commence souvent en déposant des documents sur ce que l’autre parent a fait de mal, ce qui peut être très préjudiciable pour le parent visé.
Troisièmement, la séparation peut être causée par un conflit qui existait déjà dans la relation (Amato et Afifi, 2006).
Quatrièmement, le conflit peut découler de problèmes interpersonnels et de personnalité de l'un ou l'autre des parents. Dans ces cas, le divorce peut rendre l'un des conjoints ou les deux conjoints très vulnérables (Johnston et Campbell, 1988), ou la perte de l'attachement à l'autre peut engendrer de la détresse (Saini, 2007). Provoquer des conflits peut devenir un moyen de conserver une certaine relation avec l'ex-conjoint, même si cela est négatif.
Les enfants sont moins exposés aux conflits lorsqu’il existe des horaires clairs pour limiter le contact des parents. Les parents peuvent exposer leurs enfants aux conflits parentaux dans les situations suivantes : l’organisation des arrangements parentaux n’est pas claire, les limites entre les parents ne sont pas claires, ou les horaires ne sont pas réalistes et offrent aux parents trop de flexibilité pour négocier alors qu’ils ont du mal à communiquer.
Il faut donc créer un plan parental détaillé comprenant des stratégies visant à réduire les situations pouvant entraîner des conflits, p. ex. :
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Transport des enfants entre les deux maisons;
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Transitions entre les parents;
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Partage d’informations sur les enfants;
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Plan pour les appels téléphoniques, y compris qui peut et ne peut pas appeler et heures des appels;
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Plans pour assister aux activités/réunions scolaires;
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Plans liés à la participation des parents aux activités parascolaires des enfants (p. ex., cours de sport ou de musique) et plans de transport pour les activités;
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Plans pour apporter les vêtements, les affaires et les livres scolaires de l’enfant chez l’autre parent pour les visites;
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Règles concernant les coupes de cheveux, les boucles d’oreilles et la modification de l’apparence de l’enfant;
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Plans pour les occasions spéciales, comme les anniversaires de l’enfant et des parents, les anniversaires des membres de la famille élargie, la fête des Mères, la fête des Pères, les fêtes religieuses, les vacances d’été et les voyages à l’étranger.
En ce qui concerne l'adaptation des enfants et des parents à la séparation, les conflits constituent le facteur le plus important (Hetherington et Kelly); il s'agit de plus d'un facteur prédictif plus important que la séparation elle-même (Emery, 1994). Après un divorce, les conflits agressifs entre les parents peuvent presque doubler l'intensité des problèmes d'adaptation des enfants.
L'existence d'un conflit important après un divorce est liée à des taux plus élevés d'enfants ayant des problèmes psychologiques et d'adaptation (Emery, 1999), des taux plus élevés de contentieux entre les ex-conjoints (retour au tribunal une fois le divorce prononcé) (Emery, 1994), ainsi que des taux plus élevés de non-paiement de la pension alimentaire pour enfants (Braver, Wolchik, Sandler, Sheets, Fogas et Bay, 1993).
Il existe diverses façons de protéger un enfant contre les conflits de ses parents. Les enfants s'adaptent mieux lorsqu'ils ont une bonne relation avec au moins un des parents, un fournisseur de soins ou un mentor. Les enfants s'adaptent mieux quand ils ont le soutien de leurs frères et sœurs et lorsqu'ils sont tenus à l'écart des conflits (Kelly, 2007). Les enfants s'adaptent mieux quand au moins un des parents s'occupe bien d'eux.
En s'y prenant bien, les parents peuvent réduire les conséquences de la séparation et des changements qui se produisent dans la vie des enfants, ainsi que protéger ces derniers contre les conflits. Un parent compétent peut « compenser » les effets du comportement d'un parent non compétent désireux de créer des conflits.
Il arrive souvent que pendant un conflit, les personnes concernées communiquent très peu les unes avec les autres et parlent très peu de ce qu'elles veulent et pensent.
Même dans les situations normales, les gens disent souvent des choses qui sont mal interprétées. Lorsque des personnes sont fâchées, elles sont beaucoup plus susceptibles de mal comprendre ce qu'on leur dit; cela est d'ailleurs quasiment inévitable.
Les personnes en conflit ne disposent pas de moyens fiables pour communiquer, peut-être parce qu'elles ne veulent pas communiquer ou parce qu'elles ont peur de contacter l'autre personne ou ne peuvent pas le faire. Il arrive qu'une personne interrompe la communication après un incident en guise de protestation. Ce manque de communication peut cependant augmenter le risque que l'incident ne réapparaisse.
Il arrive également que communiquer aggrave les choses. Dires des choses menaçantes, hostiles ou provocatrices peut en réalité aggraver un conflit.
Lorsque deux personnes se séparent ou divorcent, leur relation en tant que conjoints prend fin. Étant donné cependant que la relation avec les enfants continue, elles doivent trouver des moyens de gérer leurs responsabilités de parents à l'égard des enfants. Les parents peuvent travailler en équipe tout en séparant leur vie personnelle. Ce type de relation est généralement préférable, mais il existe des exceptions.
Dans certaines situations, un enfant a besoin de se faire protéger par un parent, p. ex. lorsque l'autre parent l'a maltraité, négligé ou abandonné. Poursuivre une relation avec ce parent n'est pas dans l'intérêt supérieur de l'enfant. Dans la plupart des familles, cependant, les choses fonctionnent mieux si les deux parents coopèrent. Les enfants s'adaptent plus rapidement et ont moins de problèmes à long terme lorsqu'ils entretiennent avec leurs deux parents des relations étroites, indépendantes et solidaires.
Lorsque les parents coopèrent, les enfants s'adaptent plus facilement.
Le mécontentement grandissant lié à la nature conflictuelle des procédures judiciaires familiales a engendré le besoin de créer des modes d’intervention et des services pour limiter les conflits ou aider les parents et les enfants à se sortir des conflits. Il s’agit de la médiation, des évaluations arrangements parentaux, des programmes de supervision de temps parental ou de transfert de l’enfant, ainsi que des approches psychologiques.
Médiation
Dans la médiation, qui est une forme de mode substitutif de règlement des différends, un tiers impartial aide les parties à communiquer et à négocier afin de pouvoir arriver à une entente sur des questions comme la responsabilité décisionnelle liée aux enfants, le temps parental, la pension alimentaire et le partage des biens. La médiation est souvent considérée comme une méthode axée sur la résolution de problèmes en vue d’arriver à une entente. Les médiateurs aident les parents à régler leurs différends en mettant en place un processus visant à équilibrer les pouvoirs, tout en déterminant les positions et les intérêts des parties, et en proposant plusieurs options pour identifier et hiérarchiser, puis négocier, les différences et les solutions de rechange jusqu’à la conclusion d’une entente (Johnston et Campbell, 1993).
Évaluations relatives à la responsabilité décisionnelle
Les évaluations en matière de responsabilité décisionnelle et de temps parental sont en général effectuées par des psychiatres, des psychologues, des travailleurs sociaux et d’autres professionnels de la santé mentale, dans le but d’aider la cour en faisant des recommandations sur les arrangements parentaux liés aux enfants qui sont impliqués dans la dispute légale. Les évaluations en matière de charge traitent normalement des conflits entre les parents, de leur fonctionnement en tant que parents, des relations parents/enfants, ainsi que des besoins de développements, sociaux, affectifs et éducatifs des enfants après la séparation et le divorce. La cour accorde beaucoup d’importance à ces évaluations et s’attend à ce que les évaluateurs se fondent sur les meilleures preuves scientifiques qui existent et utilisent des procédures objectives et fiables (Saini, 2008).
Programme de supervision de temps parental et de transfert de l’enfant
Les programmes de supervision de temps parental et de transfert de l’enfant permettent de créer un environnement sécuritaire pour les temps parentaux et les transferts de l’enfant, ainsi que d’assurer la sécurité de tous les participants, y compris le personnel. Le personnel et les volontaires sont formés pour être sensibles aux besoins de l’enfant et pour fournir à la cour et aux avocats des observations factuelles sur l’utilisation du service par les participants. Le personnel et les bénévoles des centres de temps parental supervisé n’offrent pas en général de services comme le counseling, la médiation, des thérapies ou l’éducation des parents. De plus, les temps parentaux et les transferts de l’enfant se font sur place, dans le centre.
Approches psychologiques pour les familles aux prises à de conflits graves
Les programmes indiqués ci-dessus visent avant tout à trouver des moyens de réduire le niveau, la fréquence et la nature des conflits graves en limitant les contacts entre les parents. Bien que la dynamique familiale puisse commencer à changer pendant ces programmes, l’amélioration des problèmes entre les membres de la famille est vue comme étant secondaire. On utilise déjà depuis un certain temps des approches psychologiques et des psychothérapies intensives avec les familles aux prises avec de graves conflits. Ces familles cherchent souvent à suivre une thérapie, parfois parce qu’elles ont du mal à vivre avec ces conflits, mais surtout parce que la cour ou des avocats interviennent.
Ayez des horaires et des règles clairs et cohérents.
Agissez de manière responsable afin que les enfants sachent qu'un adulte fiable s'occupe d'eux.
Évitez de dénigrer l'autre parent quand les enfants sont présents.
Ne demandez pas à un enfant de transmettre un message à l'autre parent.
Ne demandez pas à un enfant ce qui se passe dans la vie ou le ménage de l'autre parent.
Ne vous confiez pas à un enfant et ne comptez pas sur lui pour vous aider psychologiquement.
Ne parlez pas des aspects financiers ou émotionnels du divorce (ou des problèmes de pension alimentaire) avec les enfants.
Ne demandez pas à l'enfant de garder un secret au sujet de l'autre parent.
Essayez d'assurer le plus possible la stabilité entre les deux maisons.
Obtenez l'aide dont vous avez besoin pour résoudre le conflit et donc pouvoir mieux vous concentrer sur les besoins de votre enfant.